Edition 2024

GEORGES CHALVET, un enfant du pays au destin peu commun.

Un Saint Albanais au parcours peu commun au service de la Marine Nationale, de la Marine Marchande et de l’Aéropostale.

Le destin tient souvent des lois du hasard …car orphelin de père à 16 ans, rien ne prédisposait Georges Chalvet à une riche carrière de marin.

Georges Ernest Marius Chalvet est né à saint Alban le 28 novembre 1899 au lieu-dit « Louane » maintenant « Quartier des Granges » dans une maison en pierres située en face du château de Beaumefort et dont le « pousta » (grenier) abritait une grande magnanerie consacrée à l’élevage des vers à soie.

Orphelin de père à 16 ans, rien ne prédisposait ce fils de cultivateur à une riche carrière de marin. Seul garçon de la famille, il avait une sœur de 10 ans son aînée hélas décédée le 10 avril 1916, année de son engagement, et une sœur cadette prénommée Madeleine.

Le 5 janvier 1916, en pleine guerre mondiale, il s’engage volontairement dans la Marine nationale. Il rejoint l’Ecole des Mécaniciens de l’Orient, section des ajusteurs. Il obtient rapidement les Brevets de mécanicien de 2ème classe et 1ère classe.

Sa première mission fut sur le Croiseur Thionville – nom donné à ce navire pour rendre hommage à la Moselle durement touchée par les combats. Ce bâtiment, ex-Novara Austro Hongrois lancé en 1913 fut incorporé dans la flotte française à Bizerte. Il faisait partie des 9 grands bâtiments qui avaient rejoints la Marine Nationale affaiblie, après l’Armistice du 11 novembre 1918. Ce croiseur fut détruit en 1942 par les allemands.

En 1920, Georges est affecté temporairement pendant 22 mois à la Direction du port de Constantinople; il est chargé d’assurer le fonctionnement d’une vedette canadienne rattachée au port.

Le 1er juillet 1922, de retour en France, il embarque à Toulon sur le « Chasseur 91« , ancien chasseur de sous marins de l’US NAVY construit en 1916 et cédé à la France. Ce navire fut revendu à une société toulonnaise et sera rebaptisé « Jean Argaud » – du nom d’un jeune Caporal  pilote, né en 1897 et décédé en 1916 dans la chute de son avion au-dessus de la Marne – il n’avait pas encore 20 ans!

En 1925 le patrouilleur Jean Argaud est acheté par les « Lignes Latécoère » pour effectuer des missions de dépanneur d’hydravions en Méditerranée. Ainsi il sera affecté aux hydrobases successives en création au bord de la grande bleue.

Parallèlement en 1926, les lignes Latécoère sont rachetées par l’industriel Marcel Bouilloux – lafont qui donnera le nom de Cie Générale d’Aéropostale plus connue sous le nom célèbre d‘Aéropostale le 20 septembre 1927. Enfin son dernier armateur sera Air France, issu de la fusion de plusieurs compagnies en 1933…

La vie de marin sur le « Jean Argaud » ne sera pas de tout repos : successivement affecté à Toulon, Calvi, Bastia, Ajaccio, Marseille, Port-Vendre, Alicante, Oran, Minorque et Majorque il va – avec son équipage-  inlassablement assister les hydravions de l’Aéropostale, secourir les équipages et récupérer le courrier postal.

Affecté à Calvi il rencontrera Julia Emanuelli une jeune Corse née en 1900. Cette dernière servait dans le  » Restaurant du Golfe » de ses parents situé sur le port où l’on pouvait déguster poissons, langoustes et fruits de mer pêchés par son père par ailleurs patron pêcheur. Ils se marieront à Calvi en 1922. Elle le suivra ensuite à Saint Alban lors de sa démobilisation.

Quelques temps après le mariage, Georges est promu Officier Chef Mécanicien d’Armement pour toute la flotte de dépannage d’Air France en Méditerranée.

Il faut se souvenir que l’épopée de l’aviation commence en 1910 avec l’invention par Henri Fabre de l’hydro-aéroplane appelé ensuite hydravion. L’essor se poursuit en 1920 avec les lignes France-Algérie, Afrique en général, elles sont alors en plein développement. Le Jean Argaud allait assurer les liaisons avec les lignes aériennes transméditerranées et transatlantiques.

Le 15 novembre 1926, Jean Mermoz effectue pour la 1ère fois un vol d’essai Casablanca – Fez – Oran sur un avion Bréguet 14. Mais tous ces vols causaient  trop d’accidents et de décès. D’où la célèbre phrase de Pierre-Georges Latécoère : « j’ai refait tous les calculs, notre idée est irréalisable il nous reste plus qu’à la réaliser ». Le rêve impossible sera pourtant au rendez-vous mais au prix de beaucoup de sang et de larmes.

Les avions qui transportaient courriers et passagers étaient pilotés par de grands aventuriers : les Mermoz, Saint Exupéry, Guynemer et beaucoup autres. Considérant qu’ils prenaient trop de risques, le Ministère de l’Air exigea alors qu’on utilise des hydravions afin de donner une chance, aux pilotes et radios mécaniciens de s’en sortir en cas d’incidents de vols.

Les hydravions étaient fabriqués à Toulouse-Montaudran. Mais il fallait les tester sur l’eau en conditions extrêmes. Pour se faire une base est créée à Saint Laurent de la Salanque dans les Pyrénées Orientales. Elle sera nommée : l’Escale. Elle restera en service jusqu’en 1937. Jean Mermoz, Saint Exupéry et beaucoup d’autres aventuriers feront naturellement partie des pilotes d’essais. Georges les rencontrera sur la base lors d’escales et de ses perfectionnements sur les moteurs d’hydravions.

l’Aéropostale met en service des hydravions à coque en toile molle, doté de 2 moteurs Hispano Suiza de 150 CV, pouvant emporter jusqu’à 6 passagers en cabine avant et bien sûr le courrier sans oublier la cage avec 2 pigeons voyageurs qui seraient utilisés en cas d’incident et de panne de radio pour signaler la positon de chute. L’équipage comprend 2 personnes, un pilote et un mécanicien radio. L’hydravion déjauge(décolle) à environ 2845 kg. Le plan supérieur héberge 2 réservoirs d’essence  d’une capacité de 350 litres chacun donnant une autonomie d’un peu plus de 3 heures de vol… Mais il comporte aussi des risques de fuite, d’explosion, d’incendie en cas d’amerrissage houleux, par tempête notamment.

Ainsi le rôle du Jean Argaud et de son équipage est primordial. Il a secouru des dizaines de pilotes et de mécaniciens. Le journal de bord fourmille de cas de sauvetages.

On peut citer celui du 23 juin 1936 où, après incendie du moteur droit et amerrissage forcé le pilote, Henri Leclaire et le radio Jean Munar furent sauvés par le patrouilleur après 19 heures de dérive en mer.

On peut citer encore le sauvetage du 14 septembre 1926, où après une panne de moteur et un amerrissage forcé dans le secteur de Torrevieja en Espagne sur la ligne Oran- Alicante, le pilote Louis Giraud et le radio Jean Munar (encore lui !) furent sauvés par le patrouilleur et l’hydravion remorqué à Alicante.

Le 25 octobre 1937 le Jean Argaud est bombardé à 3 reprises dans le port de Fornells à Minorque par un hydravion nationaliste espagnol. Par chance aucun marin ne se trouvait à bord à ce moment-là.

Sur le plan privé, en 1938, Julia et Georges perdent à Oran leur deuxième fils de maladie. Le petit ange avait 6 ans et demi. Ramené en France il repose à Saint Alban près de ses parents.

Le Jean Argaud, renfloué fut réquisitionné par la Marine en 1939 à la veille de la 2ème guerre mondiale.

En 1942 il fut sabordé à Oran puis renfloué à nouveau et remis en service. En 1944 il est désarmé et termine ses activités.

Après sa démobilisation Georges ne souhaite pas réembarquer sur un nouveau navire. Il rêve de venir cultiver les terres et bois de ses ancêtres à Saint Alban.

C’est ce qu’il fit avec une certaine réussite aidé par son fils prénommé Georges également.

Après la 2éme guerre mondiale il fut désigné par la Préfecture de l’Ardèche  « chef des commandos des prisonniers de guerre allemands » qui travaillaient dans les fermes à Saint Alban.

En 1945 il est élu au conseil municipal et désigné Adjoint au Maire.

Il décède à Aubenas le 17 mars 1988, il repose en paix dans le petit cimetière de Saint Alban.

Dossier réalisé par Edouard Jean Chalvet, petit fils de Georges Chalvet.


Edition 2023

LE COMMANDANT MAURICE RENVOISÉ

 En juillet 2023, la Martinique célébrera les 80 ans de son ralliement à la France Libre.

C’est un Saint Albanais d’adoption, marié à une Sainte Albanaise, Marguerite Rabier, née en 1909 dans notre commune quartier Goudemère, qui déclarant la dissidence de la garnison de Balata qu’il commandait, précipita le ralliement de ce territoire au Général de Gaulle, en Juillet 1943.

Maurice Renvoisé est né le 15 Novembre 1900 dans la commune de Rahay (Sarthe). Issu d’une famille nombreuse pauvre, sa mère est veuve, il commencera comme boulanger avant de se destiner au métier des armes, malgré le décès de deux de ses frères lors de la Grande Guerre.

Incorporé en Mars 1920, il est nommé sergent dès Mars 1921 et choisit l’Infanterie de Marine, dénommée la Coloniale, comme arme.

Affecté d’abord au Levant (Syrie, Liban), puis en Afrique Occidentale Française (Sénégal), il est affecté en 1935 au Tonkin (actuel Vietnam), plus précisément à Lang Son à la frontière avec la Chine, où il réside avec son épouse Marguerite et sa fille Monique.

Promu officier en 1939, il est affecté avec sa famille en Guyane à Cayenne. *
Enfin, en Août 1942, il est affecté, toujours avec sa famille, à la Martinique, comme commandant du camp de Balata, détachement composé de 180 hommes.

La Martinique est dirigée par l’Amiral Robert, Haut-Commissaire aux Antilles, fidèle au Maréchal Pétain ; il exerce des pouvoirs très étendus, et dispose de plusieurs bâtiments de guerre dont le croiseur Émile Bertin et son équipage de 2400 hommes positionné en cale sèche à Fort de France.

La population martiniquaise est soumise non seulement à un contrôle très strict et répressif, l’écoute de Radio Londres ou l’inscription du signe V de la victoire sont punis de plusieurs mois d’emprisonnement, mais également à des privations très importantes en matière d’approvisionnement, proches de la famine.

Toutefois, malgré la répression, les autorités locales et la population souhaitent de plus en plus le ralliement de la Martinique à la France Libre et les éléments se précipitent en juin 1943 où plusieurs manifestations sont réprimées par l’Amiral Robert et des personnes sont internées.

C’est dans ce contexte, fort du soutien de ses hommes, et malgré le risque d’arrestation, de jugement en cours martiale voire de peloton d’exécution, que, le 27 Juin 1943 le Lieutenant Renvoisé déclare sa garnison en dissidence et se rallie au Général de Gaulle.

Il en informe son chef, le Commandant Tourtet, qui consulte différentes autorités et cadres militaires, et enfin prend la tête du mouvement le 29 Juin 1943.

Devant l’ampleur du soutien de la population, une foule de 10000 personnes manifestant aux cris de « Vive de Gaulle ! », l’Amiral Robert consent à ce qu’un émissaire du Général de Gaulle, M. Hoppenot, représentant du Comité Français de Libération Nationale, vienne acter ce ralliement et mette en place les mesures nécessaires pour l’intégration des moyens de la Martinique dans la libération de la France.

Maurice Renvoisé sera nommé Capitaine à titre exceptionnel, recevra la Légion d’Honneur et la Médaille de la Résistance.

Après avoir eu différentes affectations en Martinique puis à Paris, il quitte l’armée en 1946 et sera nommé Commandant Honoraire.

Installé à Paris, il se reconvertit dans le civil, monte une société d’import/export avec les colonies, puis sera inspecteur du permis de conduire, puis expert automobile, activité qu’il poursuivra à Saint Alban-Auriolles en étant agréé près la Cours d’Appel de Nîmes.

Impliqué dans la vie locale, conseiller municipal, il se passionne pour la pêche à la truite et la boule lyonnaise.

Il décède en Mars 1980 et repose au côté de son épouse Marguerite au cimetière de Saint Alban.

* Une petite anecdote Saint Albanaise : les anciens taquinaient Camille Rabier, le beau-père de Maurice Renvoisé :

  • Qu’est-ce qu’il a fait ton gendre pour être à Cayenne ?
  • Il n’a rien fait, il est chef, il commande !

Tout ceci en patois bien sûr.

Georges RINGOTTE, petit fils du Commandant


UNE PAGE D’HISTOIRE : LE FOYER RURAL : 1962-2022 (Edition 2022)

Nous allons remonter dans le temps : 1962 – la municipalité souhaite créer une salle polyvalente, à ce moment-là le gouvernement développe la création de salles diverses, de maisons de la culture et dans le milieu rural ces salles sont des Foyers Ruraux. La municipalité lance le projet de la salle Foyer Rural, par déduction l’association qui se crée, est appelée FOYER RURAL. A partir de là toutes les associations de la commune seront sous l’égide du Foyer Rural.

L’association du Foyer Rural a été un élément important d’animation et de développement de la commune, les activités étaient de nature à associer, en fonction de leurs souhaites, tous les habitants de la commune. Cela a été le moteur, un coordinateur des activités récréatives, culturelles, sportives, caritatives tendant à améliorer la vie des habitants et de renforcer la solidarité.

2022 – 1962 : 60 ans

Une page se tourne, le Foyer Rural a vécu une belle période !

Cette vie associative nous a apporté beaucoup de joie, de bonheur et des moments   inoubliables …

Elle a permis de se découvrir des amis, d’avoir une vie sociale, véritable richesse dans    un monde où l’individualisme est bien ancré.

Que de belles fêtes !

  • Paëllas avec Détente et Création sur la place du village
  • Lotos du vin avec les différentes associations du village (500 bouteilles de vin ardéchois)
  • Salons des créateurs qui réunissaient 40 artistes (peintres, sculpteurs, etc…)
  • Les rendez-vous culturels : théâtre avec la Troupe de St Alban Auriolles (pièce écrite par Dédée Chauvin) avec la troupe de Gilles Droulez ; conteurs (Jean-Louis Dècle et les fables de La Fontaine ou les poèmes à la demande !)
  • Les Reboules ou « retour de vendanges » animées par les histoires de Jean Sévenier, Francis Gazel, Raymond Besson, le duo Geneviève Chamontin Annie Arlaud, et régalés par notre ami traiteur Philippe Abrinès.
  • Et bien sûr les Téléthon, gros travail, nous avons été jusqu’à 60 bénévoles pour préparer les caillettes, semer les blettes, les sarcler, les ramasser, les trier, et confectionner les caillettes. Pour le 30ème anniversaire du Téléthon, la commune a fait partie des 40 communes sélectionnées en France pour animer cet anniversaire. La télé, FR2, FR3, ont filmé l’évènement et la radio en a parlé.
  • Nous étions tous là, ensemble pour créer, organiser et réussir ces fêtes. Tous les talents, les relations des uns et des autres et les savoirs- faire (amateurs ou professionnels) ont participés à cet élan créateur plein d’enthousiasme.
  • Une animation qui restera gravée dans nos mémoires, le 7-7-07- La fête de l’Ardèche programmée par le Conseil Départemental. 7 thèmes autour de la découverte du village, un jeu de piste pour gagner une des 7 médailles en or fabriquées par un grand bijoutier parisien ami de Michel Remi.

Quelle satisfaction de voir cet engouement des habitants de St Alban Auriolles et des communes environnantes participer à toutes ces festivités !

  Une page importante de la vie associative se tourne mais le livre reste grand ouvert. Nous avons confiance en la participation des habitants qui sauront créer, soutenir et maintenir la dynamique de la vie associative dans leur village.

Bon vent !

Cordialement. Le bureau du Foyer Rural. (Jean GUERIN)

Lo Campane veut rendre ici un hommage appuyé à JEAN GUERIN qui a été président pendant plus de 17 ans, et a mis au service de la collectivité son inépuisable énergie ! Merci encore Jean ! Quel beau cadeau tu as fait à tous !


RUES ET LEUX-DITS

Impasse du SAVEL.

En occitan ce nom désigne du sable grossier ou des rochers délités. Il vient du latin SABULO qui signifiait « gros sable ».

Il s’agissait probablement d’un endroit sablonneux plus que rocheux. Ce nom indiquait peut-être une  ancienne « doline » dépression fermée des régions karstiques où le sable s’était amassé et où les pins et les châtaigniers s’implantaient volontiers car ils affectionnent les terrains acides.

Dans son ouvrage sur Balazuc Aimé Bocquet évoque une anecdote : «  Je m’étonnai qu’en 1600 une Estime demande une contribution de châtaignes blanches, or les châtaigniers ne poussent jamais en terrain calcaire. Je m’en ouvris à Guy B. qui me signala quelques beaux spécimens  au lieu-dit SAVEL. En effet sur la carte géologique apparait là un petit affleurement d’une très ancienne terrasse alluviale de l’Ardèche composée de sables et de petits galets. »

Les noms de lieux n’étaient pas donnés au hasard ils désignaient les mêmes caractéristiques d’un village à l’autre.

C.P.


HISTOIRES D’EAU

L’eau a toujours constitué le problème majeur des habitants du bassin méditerranéen : faible fréquence des pluies alliée aux fortes et brèves précipitations ! Et en plus un sol calcaire qui rend si difficile le stockage et la distribution de l’eau. Avec ça, étés chauds et longs et hivers frais !

Dans les villages l’eau courante n’existaient pas. Tout d’abord les femmes et les enfants se relayaient au puits du quartier ou au puits de la maison (quand on avait la chance d’en avoir un) avec des cruches et des seaux. Chaque quartier ou petit hameau en avait un.

Mais l’été le débit des sources  baissait et obligeait les villageois à des économies d’eau draconiennes –  C’est pourquoi on peut encore observer tout un réseau de systèmes de récupération des eaux de pluies pour les cultures au lieu-dit des « Issarts » ou du «  Bois communal » dépourvus de sources et donc de puits- Les étés étant très secs avec parfois quelques millimètres seulement pendant les mois chauds. (D’après certains météorologues il n’y aurait pas de réel changement de temps mais des alternances de phases plus ou moins longues.)

A Auriolles l’eau courante est arrivée dans les années 1966-67. Une habitante me raconte : « Avant cela on avait des pompes d’abord extérieures puis dans la maison pour remonter l’eau de la citerne. Il y en avait sous toutes les maisons ! Et cette eau on la buvait ! Ce n’était pas seulement pour les animaux ! »

« L’eau de pluie devait entrainer les feuilles et débris des toits ? Et donc était impropre à la consommation, non ? »

« Et bien avant un gros orage on déviait dans le jardin la descente qui alimentait la citerne pour que la première eau soit évacuée dans le potager. Puis on récupérait ainsi une eau « propre ». On arrosait avec, on abreuvait les bêtes et … on la buvait et on n’en est pas morts ! (rires) »

« Vous avez vu cette année pas d’eau en Avril- Mai, les gens étaient effrayés, puis il a plu tout le mois de Juin ! Y a plus de saisons »

C.P.


PARUTIONS ANTERIEURS


NOS RUES ET LIEUX DITS

L’IMPASSE DU SARTRE
Le sartre vient d’un mot latin « sarcire » qui signifie rapiécer, ravauder, raccommoder. Cela a donné en latin populaire « sartire » puis le français « Sartre » dès 1285. En ancien provençal « sartor » puis en occitan « Sartre » qui signifie le tailleur.
Les Estimes de 1464 font mention d’un sartre à St Maurice d’Ardèche.
Le quartier du Sartre a donné son nom à une impasse, à un mas et à un sympathique camping-restaurant, qui fait partie de nos fidèles annonceurs.
C.P – Edition 2020


LE CHOLÉRA À ST ALBAN AU 19ème

Au 19ème siècle, dans les villages et hameaux les parties inhabitées servaient à déposer les ordures et les seaux de toilettes étaient déversés par la fenêtre.
Dans le vieux Ruoms il n’y avait que 3 puits. Les ordures, le fumier et la nature karstique du sol, c’est-à-dire un « gruyère de calcaire » d’où l’eau polluée ressort comme elle est entrée, non filtrée, tout ça entraîna une épidémie de Choléra assez tardive.
A l’été (juillet) 1884 Ruoms est touché, les victimes meurent en quelques heures : 49 morts à Ruoms puis 20 à St Alban. Des mesures autoritaires sont prises par le Conseiller général du canton. Hygiène et désinfection, pas d’eau du puits comme boisson, seulement de la bière et du vin ! …
A St Alban, un paysan de Chandolas arrive pour voir un parent, il est mis aussi sec en quarantaine dans la grangette du Ranc d’Avaine, bien gardée, durant 40 jours. Isolé dans moins de 8 m2 !!
Pendant ce temps les hommes qui enterraient les morts, té ils étaient beurrés comme des p’tits lu du matin au soir ! Et bé ils n’ont rien attrapé !! Ils n’auraient pas trouvé la parade au virus des fois ?
Il faut croire qu’il y a des calamités qui reviennent …
Jean Sévenier – Edition 2020


CONTRE LES CALAMITES ? LES ROGATIONS.

Tremblements de terre, épidémies, crues dévastatrices, inondations, gelées tardives, orages mais comment faisait-on face autrefois ?
Nos ancêtres faisaient appel au ciel ! Au Vème siècle, l’évêque de Vienne St Mamert crée les « rogations »(*) Lors des 3 jours précédant l’Ascension, des processions chantées, réunissant tous les villageois, s’en allaient faire le tour du village et demandaient au ciel de détourner les calamités de leurs terres et d’attirer les bénédictions divines sur leurs récoltes futures et les troupeaux. On partait d’un calvaire ou d’une « croix de rogation » à la limite des communes, station où l’on s’arrêtait pour les psaumes ou la prière à Marie pour la pluie.
En effet on pouvait aussi initier ces processions en été lorsque la sécheresse sévissait. Alors le prêtre tout au long du parcours aspergeait de l’eau bénite en direction des parcelles. Je ne sais si leurs prières étaient exaucées, sans doute, puisque après un arrêt dans les années 1970, cette coutume perdure encore aujourd’hui : plusieurs diocèses comme Laval et Beauvais en ont organisé contre la sécheresse en Mai 2011. Cette vieille tradition des sociétés rurales, probablement christianisation de rites celtiques pour la fertilité de la terre avait le mérite de rassembler le village entier lors des calamités et peut-être alors la peur s’éloignait un peu…
Nos anciens avaient la foi chevillée au corps et une confiance que nos sociétés matérialistes ont, elles, perdues.
*Rogations vient de rogatio mot latin qui signifie demande.
Geneviève Chamontin et C.P – Edition 2020


LA LÉGENDE DU DRAC

Le Drac ou dragon est, dans la légende, un génie des eaux qui tentent de séduire les lavandières et les jeunes filles pour les attirer dans le courant. C’est ainsi que l’on menaçait autrefois à St Alban les petites filles qui refusaient de se laisser démêler les cheveux. Les poux feraient une chaîne et le Drac les tireraient jusqu’à lui.
Car le village possède un Gour du Drac ! C’est un ruisseau souterrain, probablement une résurgence du Chassezac tout proche. Il jaillit au centre d’une conque argileuse. (Conche) Il peut s’agir aussi, ailleurs, d’un trop plein naturel de l’aquifère.
Divinité des eaux tumultueuses, le Drac est représenté sous la forme d’un dragon ou d’une couleuvre et serait d’origine ligure.
L’évêque de Cavaillon, St Véran, luttant contre les anciens cultes aurait débarrassé Sorgues et Fontaine de Vaucluse d’un horrible Drac !
Banne aussi a une « Dragonnière ». C’est une des deux sources principales du Granzon qui prend sa source à Brahic passe par Naves, Banne, Berrias et se jette dans le Chassezac près de Maisonneuve.

Edition 2020


CHEMINS ET CHARETTES
En vous promenant autour du village avez-vous observé que les chemins enserrés entre les murets avaient un gabarit identique pour ce qui est de la largeur ? Exactement 2 mètres de large. Pas toujours évident à voir, à cause de l’éboulement des pierres.
Voilà l’explication : l’empattement des charrettes était de 1 m80. Ainsi les charrettes passaient juste et ne créaient pas d’ornières dans la terre, plus au centre, après les fortes pluies. Malin !
Jean Sévenier – Edition 2020


LES CÈZES OU POIS CHICHES.
Les terres du sud desséchées et ingrates, c’était l’endroit idéal pour la culture de ces pois. On en cultivait tous ici et plus bas dans le Gard une rivière en a même pris le nom La Cèze.
J’étais encore gamin et je me souviens de mon père qui m’emmenait aux champs. Il en semait entre les rangs de vigne de sorte qu’il restait un mètre de chaque côté du rang de pois chiches, jute assez pour passer avec le cheval et travailler la terre.
On n’achetait pas les graines, on en réservait sur la récolte de l’année précédente. Mon père en cultivait à Champelplot où on habitait et il disait qu’entre les vignes ça faisait des beaux plants et des pois bien plus gros que tout serrés dans un champ.
C’était une production essentiellement familiale. On consommait la récolte.
A maturité on arrachait les pieds de cèzes et on les battait soit au fléau, soit aux pieds. Seulement 2 pois par gousse ! Puis on les triait, en gardant les plus beaux pour nous et les cassés et les petits c’était pour la soupe des cochons : vieilles pommes de terre, pois chiches et orge, avec ça ils étaient bien nourris…
Pour nous ma mère avait coutume de nous préparer l’hiver des soupes épaisses de pois chiches, de blé décortiqué, d’oignon et d’un lard savoureux … tellement, que je m’en souviens encore ! Ce mélange apportait assez de protéines de bonne qualité pour remplacer la viande que nous ne mangions pas à l’époque tous les jours.
Aujourd’hui j’aime toujours autant les pois chiches …

Marc Chamontin. – Edition 2020


PARUTIONS ANTÉRIEURES

GLOSSAIRE DES NOMS DU PETIT PATRIMOINE LITHIQUE OU VÉGÉTAL.

Croix des rogations : Elles sont encore placées aux 4 points cardinaux des villages. Pendant les 3 jours qui précédaient l’Ascension étaient organisées des processions chantées, curé en tête, et tout le village derrière pour bénir les récoltes et avant, les travaux des champs. De la même façon les processions se faisaient aussi pour demander la pluie (et remercier ensuite lorsqu’elle était enfin tombée) quand la sècheresse menaçait les récoltes.

Bouissières : Ce sont des passages couverts constitués de buis taillé, de véritables tunnels qui permettaient d’abriter de la pluie ou du soleil les brebis que l’on menait plus loin, paître dans la garrigue.

Bornes de délimitation : Ce sont des pierres dressées, brutes ou taillées, de hauteur et de forme variable, placées dès l’époque médiévale par les ordres monastiques, templiers et hospitaliers pour délimiter leurs terres.

Aire à battre : Plate-forme dallée et parfois entourée de murets, présente dans les fermes et qui étaient destinées à battre les céréales pour en extraire les grains.

Mines d’eau : L’absence d’eau en surface a obligé les hommes à créer des constructions spécifiques et originales pour capter et conserver l’eau. Il s’agit donc de galeries couvertes permettant de recueillir les eaux circulantes et d’avoir ainsi de l’eau à disposition en été, période où la sécheresse sévissait bien souvent en Ardèche méridionale.

Montjoies : Pierres dressées, d’environ 1,5 à 2m de haut bordant les chemins pour délimiter les champs.

NOS RUES ET LIEUX-DITS : la calade de la Rouisserie
La Rouisserie, ça parle du chanvre… Non ! Pas celui qui se fume ! Celui qui donne de la ficelle ! Voilà l’histoire :
C’est une petite voie non loin de la rivière où se trouvaient certainement des bacs pour «  rouir en eau dormante » et que l’on appelle aussi rutoir.
Rouir c’est faire macérer dans l’eau, courante ou non, des brassées de plantes textiles comme le lin, l’ortie ou le chanvre afin de détacher facilement l’écorce filamenteuse  de la partie ligneuse de la plante. On obtient ainsi des fibres servant à faire des cordages.
Jusqu’au XXème siècle nombre de  famille d’agriculteurs du village possédait son rutoir ou « mare au chanvre » et chaque jardin, coté rivière, comportait une parcelle dévolue à la culture du chanvre.
Le chanvre, plante annuelle devait être semée (la graine est le « chenevis ») chaque année, dans la « chenevière ».
On en faisait des ficelles, de la filasse et surtout des cordages avec les fibres les plus résistantes et les plus longues ( les tiges peuvent atteindre 2 m 50)  qui servaient à l’élevage, l’agriculture et bien sûr à  la marine.
La culture et la transformation du chanvre ont entrainé l’émergence de différents métiers spécialisés.
En 1735 dans « Etat des habitants de St Alban qui ont des négoces ou arts de métiers » on trouve André CESAR et Jean JAUZION (fils de Pierre) « peigneurs de chanvre » de leur état !
En 1772 un manuscrit écrit par un fils de Jacques BOULLE décrit les inondations extraordinaires des 9 et 29 Septembre : « La 1ère, celle du 9 arriva jusqu’au coin de la maison de M. MARRON, avocat, et au 1er degré de l’escalier d’André CESAR, peigneur de chanvre. On mit le bateau de sieur CHABAUD dans cette rue pour arrêter le chanvre emporté par la rivière. »
Et la culture et le négoce du chanvre était suffisamment important pour qu’à la Révolution St Alban pris, entre autre, le nom de Chenevière- sur – Chassezac !!
C.P

Les feux de la saint Jean
Fête de St Jean- Baptiste ou vestiges du culte païen du soleil au solstice ?

Cette fête réunissait tous les habitants d’un même hameau et d’un même village. Pendant le mois précédent le jour de la Saint-Jean, les enfants du village étaient chargés de ramasser tout le bois mort qu’ils pouvaient trouver, allant même de maison en maison pour demander quelques sarments récupérés lors de la taille de la vigne. Au fil des jours le tas grossissait. Le  jour venu le feu était allumé, souvent au milieu d’un chemin … L’air s’emplissait de l’odeur du bois qui flambe, des flammèches montaient dans le ciel, illuminant la nuit. Moment de retrouvailles… Des chants, des danses s’organisaient autour du feu… Une fois le brasier calmé, garçons et filles sautaient le feu et ceux qui devaient se marier ne manquaient pas de le faire ! On disait que celui qui ne sautait pas, risquait d’être malade dans l’année, car on attribuait au feu de la Saint-Jean bon nombre de vertus et de croyances.
Le lendemain, on faisait passer les troupeaux dans les cendres pour les protéger des maladies, les femmes récupéraient un morceau de charbon qu’elles gardaient à la maison pour éloigner de celle-ci les incendies et la foudre.
source : La belle Lurette

La Saint-Jean d’aujourd’hui sur St Alban…
Comme chaque année, au quartier de la Barnerie, nous avons eu, sous l’impulsion de Jean Gourdon, notre feu de la saint Jean. Les habitants du quartier, descendent à la croix, apportant quelques gourmandises à grignoter ou à boire et n’oublient surtout pas d’apporter leur chaise. Chacun s’installe autour du feu crépitant. En peu de temps les langues se délient. Les anecdotes alimentent les conversations, les souvenirs reviennent. Les plus lestes sautent les flammes, les enfants s’en donnent à cœur joie. La veillée se poursuit jusqu’à épuisement du combustible, en l’occurrence, des cagettes de pêches. Il y a quelques décennies, chaque quartier allumait son feu: aux Herbouses, à la route, au Chazal,  à la Barnerie. C’était à qui mieux mieux, qui sauterait les flammes d’un quartier à l’Autre.
Peu à peu, cette tradition est tombée en désuétude pour ne subsister qu’à la Barnerie.
Alors, à l’année prochaine !
Simone Gazel