Anciennement appelé  Argynnis adippe, comme beaucoup d’autres papillons, son nom fait référence à la mythologie grecque.  Argynnis vient du nom du temple d’Aphrodite  bâti par Agamemnon, roi de Mycènes, sur les bords du fleuve Céphise en souvenir de son amant le jeune Argynnus qui s’y était noyé.

La chenille a tête brune, corps brun-roux orné d’une ligne dorsale blanchâtre entre des dessins noirs, se  nourrit de violettes. Elle  mange d’abord  les fleurs, se contente ensuite des feuilles. La nuit, elle se cache parmi les feuilles mortes près des  plantes nourricières.

Elle devient papillon de taille moyenne (50 à 65 mm d’envergure), dessus des ailes à fond fauve orangé orné de nombreuses taches noires, revers des ailes à taches rousses derrière de belles taches nacrées argentées. On le trouve dans toute l’Europe sur les prairies humides et les pentes herbeuses, de 0 à 2100m d’altitude.

Celui-ci est menacé par l’assombrissement des forêts du à la monoculture des résineux qui ne laisse plus passer la lumière au sol indispensable à la violette, par la disparition des prairies touffues, par le fauchage à outrance qui ne donne pas aux chenilles le temps de grandir.


Edition 2023

LE PETIT GRAVELOT

Ma première rencontre avec cet oiseau fut tout à fait fortuite. C’était au mois de juin j’étais à l’affut pour observer des castors sur les berges de l’Ardèche quand mon regard fut attiré par le déplacement de cet oiseau sur une gravière de la rive opposée. Muni d’un bon téléobjectif je suis revenu à ce poste afin d’identifier cet oiseau qui m’était inconnu.

Il s’agit donc d’un PETIT GRAVELOT, visiteur estival très discret, surnommé dans certains ouvrages ‘’petit bandit masqué’’. Le petit gravelot est une espèce d’oiseau aquatique du groupe des limicoles (petits échassiers) de la même famille que les pluviers, vanneaux…

Il mesure environ 17 cm, pour une envergure de 42 à 58 cm et un poids de 30 à 50 g en fonction des saisons. Son espérance de vie est de 10 ans. J’ai pu l’observer l’année suivante dès le mois de mai, il fréquente uniquement les bancs de graviers sur les berges de nos rivières (observé sur La Beaume et l’Ardèche).

Il ne fait pas de nid et pond ses œufs, généralement 4, de couleur jaune sable tachés de noir à même le sol en comptant sur leur mimétisme avec les galets pour les protéger des prédateurs. Subsiste le risque de montée des eaux.

C’est un oiseau très discret, moyennement farouche, vivant en petit groupe, pas facile à observer sur les bancs de graviers. C’est lorsqu’il se nourrit de vers, petits mollusques, larves … qu’il est le plus visible car sa silhouette se découpe alors sur la surface de l’eau. Il émet des ‘’piu’’ très rapprochés lorsqu’il s’envole.

Bien que non menacé, le PETIT GRAVELOT est protégé. De nos jours, dans notre région, son habitat est très menacé du fait des activités récréatives humaines.

Claude Besset.


« SUR LA PLAGE ABANDONNEE, COQUILLAGES ET CRUSTACES… » On sait.

Mais en balade au bord du Chassezac, la découverte de ces petits coquillages au milieu des galets a attisé notre curiosité : Des fossiles, certainement pas ! Les reliefs d’un pique-nique au bord de l’eau, peu probable ! Allons, petite mise en scène de quelques spécimens pour la photo et nous tenterons d’élucider le mystère à la maison.

Voilà. Certains petits mollusques au cours de leur évolution ont quitté le milieu marin pour s’adapter à l’eau douce, d’où leur nom de mollusques dulcicoles. Ils sont tous conchylifères (c’est-à-dire porteurs d’une coquille calcaire sécrétée par le manteau). Certaines de ces espèces effectuent une partie de leur cycle de vie comme  parasite  de poissons et elles jouent un rôle important dans le cycle biogéochimique des éléments du cours d’eau et des sédiments, et en matière de filtration de l’eau.

Les moules d’eau douce étaient autrefois très présentes dans presque tous les types de cours d’eau, lacs, étangs et grandes mares. Certaines fournissaient la nacre pour la confection de boutons ou de petites perles. Elles sont en voie de disparition.

Les coquillages que nous avons trouvés pourraient bien être du genre « Corbicula » ou palourde asiatique (à confirmer).

Arrivée en Europe au XXe siècle accrochée aux coques de bateaux elle est aujourd’hui présente dans près de 70% des lacs et rivières de France. Chacune capable de filtrer entre 3 et 6 litres d’eau par jour la débarrasse de ses impuretés. C’est ainsi que l’eau des lacs du Bourget et d’Annecy a une apparence si limpide.
Cependant elle devient par endroit invasive et menaçante pour l’écosystème.

Bonnes promenades à vous tous au bord de nos rivières. Vous y trouverez de nombreux autres mollusques dulcicoles et autres curiosités de la nature que vous aurez peut-être envie, comme nous, de partager dans le prochain numéro de Lo Campané ?

Odile  VALENTIN


SITTELLE TORCHEPOT

UNE INVITEE SURPRISE !

Chaque année en hiver mon appui de fenêtre de cuisine se transforme en petit restau pour les oiseaux. Et avec les graines de tournesol que j’achète c’est une joyeuse bande de mésanges bleues et charbonnières qui se succède par groupes de 2 ou 3 une bonne partie de la journée. Début décembre pendant que je faisais la vaisselle, j’entends un bruit insolite : des toc toc toc vigoureux sur le plat en métal. Or les mésanges attrapent une graine et filent immédiatement.

Et là j’aperçois un bel oiseau inconnu pour moi qui s’est installé les deux pattes dans le plat et grâce à un très long bec se gave de graines. Je réussis à le photographier et je découvre qu’il s’appelle la Sittelle torchepot. J’éclate de rire ! Torchepot pour une gourmande qui finit les plats sous l’œil inquiet des mésanges ? Ah oui, ça lui va comme un gant !

Et bien non, en fait ça lui vient de sa façon d’aménager son nid : notre Sittelle est …maçonne ! Elle façonne à l’entrée d’un trou (d’un tronc d’arbre ou d’un mur) un bourrelet de terre argileuse ne laissant qu’un petit trou pour son passage. Ce « torchis » a donné à l’oiseau son surnom. Elle a « squatté » la mangeoire jusqu’au printemps et a même amené une copine. Et moi j’ai dû fournir pour rassasier ces deux voraces … Mais quel plaisir de les contempler derrière ma vitre !

C.P.


L’ERABLE NEGUNDO ou érable à feuilles de frênes.

En bord de rivières les crues arrachent fréquemment les végétaux (buissons et arbres) et raclent le fond de leur lit.

Mais là où les crues et le courant sont moins violents poussent les ripisylves, forêts alluviales formées de « bois tendres » c’est-à-dire saules blanc, peupliers, et un érable. L’érable Segundo L.

En Mars alors que je m’avançais sur le pont submersible de Labeaume, tout à l’entrée, mon regard est attiré par des chatons démesurément longs sur un jeune arbre sans feuilles : il avait l’allure d’un sapin de Noël avec des cheveux d’anges qui lui faisaient une parure des plus étranges !

Intriguée, je lui tire le portrait et cherche son patronyme : c’est un érable. Introduit en France au 18ème siècle, il a été ramené d’Amérique du nord. C’était l’époque des grands jardins botaniques partout en Europe et sa résistance lui a servi à s’implanter partout. Il grandit très vite, peut atteindre 15 m de hauteur et résiste à des températures jusqu’à -30 degrés ! C’est le seul érable ayant des feuilles composées de 3, 5, ou 7 folioles.

A noter que ses graines et plantules renferment un acide aminé « l’hypoglycine A » responsable de myopathie saisonnière du pâturage et qui touche les chevaux.

C.P.


LE RUISSEAU DE BOURBOUILLET : HAUT LIEU DE BIODIVERSITE.

L’année dernière, je vous contais mes pérégrinations dans le ruisseau de Fontgraze à la recherche d’algues un peu particulières. Celles-ci ne sont pas les seules, loin de là, à occuper ce milieu très particulier. Fontgraze mais également le ruisseau éphémère de Bourbouillet font, en effet, l’objet de l’attention de nombreux herpétologues depuis de nombreuses années, comme l’atteste la publication de Rémi Duguet en 2022, dans une revue scientifique du Muséum national d’Histoire naturelle, ou la mission de service civique effectuée par Jean-Baptiste Ignacio pour l’association Païolive. Ces spécialistes des reptiles et amphibiens (comme les grenouilles, les crapauds, les salamandres, etc.) réalisent régulièrement des inventaires et des suivis des populations.

Ce ne sont pas moins de huit espèces qui occupent des zones plus profondes, appelées vasques ou fosses, (Image 1) ruisseaux éphémères. Ceux-ci sont alimentés par des résurgences karstiques entrant en activité à la suite de pluies intenses, nos fameux épisodes cévenols. Le triton palmé (Image 2), le pélobate cultripède (Image 3), le pélodyte ponctué, le crapaud épineux, le crapaud calamite, la rainette méridionale, la grenouille agile et la grenouille rieuse ont ainsi pu être observés.

Les amphibiens sont particulièrement menacés en France comme dans le monde entier. Le grand nombre d’espèces retrouvées ici est sans doute lié, d’une part, à un milieu bien conservé, mais aussi à la relative régularité de la succession de périodes d’inondation et de périodes d’assec, ainsi qu’aux phénomènes de chasse d’eau (comme dans les toilettes) qui contribuent sans doute à limiter leurs prédateurs aquatiques comme les insectes et les poissons.

Outre cette grande biodiversité, c’est aussi le mode de vie de ces espèces qui a pu être mieux documenté, et cela, à deux pas de chez nous. Il a par exemple été découvert que le pélobate cultripède peut se reproduire trois fois dans l’année, au printemps, en été et à l’automne ce qui n’était pas connu chez cette espèce. On assiste également à des records de brièveté du développement larvaire chez la même espèce de l’ordre de 70 jours, soit 20 de moins que ce qui est en général observé. Cette rapidité illustre bien la flexibilité temporelle de ce groupe, à mettre en relation avec le caractère éphémère du ruisseau de Bourbouillet.

L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) produit chaque année une liste rouge des espèces menacées. Parmi celles-ci 41% sont des amphibiens. Le pélobate cultripède, comme d’autres espèces, fait partie des espèces considérées comme vulnérables, tout comme le panda géant, la girafe ou le léopard des neiges. Il est aussi mentionné sur la liste des espèces protégées, au titre de l’arrêté du 8 janvier 2021 fixant la liste des amphibiens et des reptiles protégés sur l’ensemble du territoire national et les modalités de leur protection.  Ainsi, les individus et les habitats du pélobate mais aussi de 70 % de l’herpétofaune de France sont désormais protégés. Le fait de ne pas respecter ces mesures de protection est puni de 3 ans d’emprisonnement et de 150 000 € d’amende.

 Image 1 – Vasque dans le ruisseau éphémère de Bourbouillet – © J-B. Ignaciodes

 Image 2 – Triton palmé – © J-B. Ignacio

 Image 3 –  pélobate cultripède – © J. Bottinelli

Texte et article : Anaïs BOURA (Maitresse de conférence, Sorbonne Université)


SYMPHONIE PRINTANIERE 2023.

Après la magie des paysages givrés, page 25 du Lo Campané N° 38, j’avais envie de vous faire partager mon éblouissement devant tant de beauté en ce printemps !

Après les paysages grisâtres de l’hiver cette explosion de blanc sur les buissons, arbres, ou arbrisseaux  est un cadeau précieux pour soutenir  « notre météo intérieure » et  nous aider à suivre l’élan irrépressible de la nature.

Nous avons aussi besoin de nous nourrir de beauté.

C.P.


PARUTIONS ANTERIEURS


Edition 2020

Ce printemps : deux mois de confinement.
Plus de voitures, plus personne dans les rues, sur les routes.
Plus de bruit. Seuls les insectes et les oiseaux étonnés et timides, au début, se font entendre.
En silence la Nature se déploie. C’est cette explosion de vie et de couleurs que l’on a voulu vous offrir dans ces pages sous la protection du majestueux Tanargue.

LIBELLULE

Pour qui aime les fleurs sauvages, ce printemps à nouveau est un régal. Nous voilà partis, trois amis en balade vers la résurgence de Bourbouillet. Impossible de se pencher sur toutes les fleurs du chemin !…qui sait à quelle heure nous rentrerions ? Alors, voyez un peu comme certaines parviennent à attirer l’attention :
Etre une orchidée sauvage (Orchis pyramidal) c’est déjà pas mal, mais il y en a d’autres, ça ne suffit pas ! La stratégie consiste à accueillir et à retenir un petit moment un invité hautement remarquable lui aussi, un « Cordulégastre annelé » par exemple, et « hop » le tour est joué. On se fait tirer le portait !
Voici donc cette libellule aux yeux verts envoûtants derrière des lunettes de star. Son surnom de « dragon volant aux anneaux d’or » en dit long sur sa réputation de terrible prédateur des gours de nos garrigues. A protéger, absolument.
Odile V, Catherine P, Olivier J. – Edition 2020


UNE PRINCESSE : L’ORLAYA.

A son nom latin « Caucalis à grande fleur » on peut préférer « Orlaya Grandiflora ».
A bien y regarder, cette sauvageonne mérite bien d’être anoblie « Princesse Orlaya » !
Elle batifole jusqu’à 1200 m d’altitude dans les terrains calcaires et argileux en Europe centrale et méridionale, au Caucase, en Afrique septentrionale.
Elle est inscrite sur la liste rouge des espèces rares et menacées dans plusieurs régions de France, protégée en Franche-Comté.
De la lignée des Apiacées, cette ombellifère fleurit de juin à septembre dans tous les champs abandonnés. Elle lutte contre l’érosion, permet de fixer les talus, attire les insectes pollinisateurs abeilles, papillons, oiseaux granivores et toute la chaîne alimentaire qui s’en suit…
Elle se ressème librement sans être envahissante, et nous fait cette année le grand honneur de se répandre, comme flocons de neige, de façon surprenante, dans nos collines et autour des dolmens.
Sa très belle ombelle blanche, dont les fleurs du pourtour portent des pétales extérieurs dix fois plus grands que les pétales du centre, chacun profondément divisé en deux grands lobes, ses feuilles ressemblant à celles des carottes, permettent de la reconnaître à coup sûr !
Il a neigé des Princesses Orlaya ? … Cette année est décidément… extra-ordinaire !
Odile Valentin – Edition 2020


LÉZARD VERT
Discret et timide je me dissimule entre les herbes dont j’ai la couleur. On peut m’apercevoir près des rivières dans les prairies ensoleillées, dans la garrigue ou à la lisière des bois. Avec mes 45 cm de long (maximum queue comprise) mon agilité de grimpeur et de coureur je suis un redoutable chasseur ! Je raffole des gros insectes, vers de terre, jeunes oiseaux, mulots et fruits bien murs.
Plus gros que ma femelle, je teinte mes joues de bleu lagon, quand je lui fais la cour…romantique, non ? Ah ! J’allais oublier, mon vrai nom c’est Lacerta viridis.
A.P – Edition 2020


L’ADELE AUSTRALE, UNE VRAIE CURIOSITÉ.
De la famille des adélidés, voilà un tout petit papillon aux reflets métalliques que vous avez un jour certainement croisé en garrigue, bien que son corps mesure moins d’un centimètre, et c’est plutôt son vol qui vous l’aura fait remarquer.
Car le pauvre mâle est pourvu d’appendices – des antennes – d’une taille si incroyable qu’en vol il a l’air d’un papillon ivre !! Et là on ne peut pas le manquer, son vol si étrange, désordonné et rapide et ses loopings attirent tout de suite. Essayez de le suivre des yeux : un vrai défi ! Ses antennes, 3 fois plus longues que son corps, lui servent en principe pour l’odorat, le toucher et le goût mais en font un handicapé pour l’atterrissage ! Si encore elles pouvaient lui servir de balancier en vol : même pas ! Il parait que les longues antennes plaisent à ces dames…Allez comprendre !
-Sur la photo, la fleur est une toute petite pâquerette. Cela donne une idée de sa taille
A.P – Edition 2020



ÉTRANGE APPARITION !

A l’automne 2019, un papillon étrange s’est posé sur une de mes fenêtres. Comme j’étais à l’intérieur de la maison, je l’ai photographié en vue de dessous.
A l’époque je pensais à une nouvelle espèce issue d’un croisement entre une pyrale et un lapin.
En Mai 2020, en plein confinement, j’ai même imaginé un virus venu de Chine – Coronazoreilles ? (il faut dire que depuis quelques années on a été gâtés par leurs «petits cadeaux» !)
Et bien non ! D’après une spécialiste (Mireille Besson) il s’agit d’un mutant mâle nommé « Lasiocampa Quercus » ou minime à bandes jaunes, ou encore Bombyx du Chêne.
A l’état de larve il se nourrit de feuilles de ronces, de chêne, de prunus, d’aubépine et de bruyère.
Texte et photo, Jean-Marc Recorbet – Edition 2020


LE GECKO OU TARENTE COMMUNE
Personnellement j’ai un coup de cœur pour ce petit locataire clandestin qui affectionne mes volets. Il vit dans tout le sud de l’Europe et sur les rives de la méditerranée. (2 espèces seulement).
Il se cache durant l’hiver et sort vers le mois de Mars. Mais c’est lors des chaudes soirées estivales que l’on peut l’observer sur nos terrasses, happer les moustiques que nos lampes attirent.
Lorsque j’étais jeune, j’allais presque chaque année en Afrique avec mon père. j’ai le souvenir qu’il y en avait partout : dans les douches, les toilettes, collé au plafond…Qu’ils chantaient le soir : des sortes de modulations douces qui se répondaient de mur en mur et aussi que beaucoup étaient transparents (650 espèces dans les zones tropicales)
De celui-ci j’aime son petit corps potelé que l’on croirait en caoutchouc, ses pattes à ventouses qui sont des pelotes constituées de milliers de poils adhésifs et son œil à la pupille fendue comme celle des chats. En fait ses paupières sont soudées et il voit à travers la peau inférieure transparente. Il chasse des insectes volants ou non et ce petit chasseur peut même changer de couleur pour se fondre au mieux sur un mur lors de ses affûts :
Un as du camouflage !
C.P – Edition 2020


LE TANARGUE
L’origine de son nom serait celtique : TARANIS ! Dieu du ciel et du tonnerre dans la mythologie celte, il se manifestait bruyamment sur la montagne ARGA. On le voit représenté sur le chaudron de Gundestrup avec la roue cosmique.
TAR serait devenu TAN par métathèse de l’élément TARAN (« le tonnant » en celte) puis TANAR, suivit de ARG pour ARGA.

TANARGUE désignerait donc « la montagne du tonnerre ». Or il se trouve que ce massif, qui culmine à 1548 m, est à très haut degré « kéraunique » mot savant qui définit le nombre de jours d’orage par an ou le degré de sensibilité à la foudre ! Autant dire qu’il est préférable de consulter le bulletin météo avant de programmer une petite randonnée là- haut !
D’où vient cette propriété d’attirer la foudre ? Est- ce dû à sa taille ? Est-ce dû au sous–sol ? Un sous-sol ferreux ou parcouru de courants d’eau profonds ? On sait maintenant qu’il y a des points-foudre – les anciens qui le savaient ne bâtissaient jamais de maisons sur ces endroits ! Le savoir des sourciers d’alors s’est hélas un peu perdu… Situé au cœur du Parc naturel régional des monts d’Ardèche, sur la ligne de partage des eaux entre l’océan atlantique et la mer méditerranée, nous lui devons beaucoup : en effet il nous protège des perturbations orageuses du Nord-Ouest et il n’est pas rare qu’un orage noir d’encre et des trombes d’eau s’abattent violemment sur le massif… et nous épargnent !!
C.P – Edition 2020


LE PRIONE TANNEUR (COLÉOPTÈRE PRIONUS CORIARIUS)
Il est de la famille des Longicornes il aime l’été, les chênes et le crépuscule.
On doit cette belle photo à ELSA, jeune photographe de 16 ans, qui habite st Alban. Voilà un talent prometteur !! Elle raconte ce face à face : « C’était en été, alors que nous étions avec mes parents à nous affairer autour du barbecue devant la maison, soudain quelle ne fut pas notre surprise : un gros coléoptère noir s’est posé … sur le dossier du siège de jardin (en bois), pas farouche du tout, ce qui m’a laissé tout le temps de le photographier à mon aise. Il semblait aimer poser pour l’objectif. »
Un peu cabotin celui-là !

Elsa – Edition 2020

LE GRÉMIL POURPRE BLEU :
Voilà une petite plante bien discrète qui cache son bleu azur profond à l’orée des bois, plutôt côté ombre. Ses ravissantes petites fleurs virent du pourpre au bleu une fois fécondée par un insecte. C’est le Ph de ses cellules qui passe de l’acide au neutre.
Le rouge attire davantage les insectes et le bleu ne les attire plus. Le grémil évite ainsi aux insectes de perdre du temps en visitant des fleurs déjà fécondées.
Ses fruits sont des petites boules de quelques millimètres de diamètre, nacrées, brillantes et extrêmement dures qui lui a valu le nom de Lithospermum (pierre- graine).
C.P – Edition 2020


PARUTIONS ANTÉRIEURES

 

Un des nombreux privilèges d’habiter notre village: Pouvoir à volonté improviser une petite balade, ou une plus longue, vers la rivière, vers le dolmen, vers Labeaume… Prendre et reprendre sans se lasser les mêmes sentiers, se laisser surprendre par les détails d’un décor toujours renouvelé à chaque saison.

Allons « promener » !

C’est par cette gentille entorse à la grammaire académique, témoin du parler occitan en usage par ici il n’y a pas si longtemps encore, que mes amis et moi vous invitons – grâce à « Lo Campane » – à partager quelques bons moments passés sur les chemins alentour, en septembre dernier. Ce jour-là, c’était direction l’aven Réméjadou !

A quelques pas de la route reliant Saint Alban à Lablachère, les lapias. La dentelle des fines ciselures tranchantes creusées par les eaux dans ces roches calcaires nous émerveille. Leurs vertigineuses fissures réclament notre attention à chaque enjambée.

Un étonnant concert de grenouilles, en passant près d’un gour quasi à sec. Nous reviendrons d’ici peu, assister au spectacle sensationnel des eaux en furie après les pluies diluviennes d’un épisode cévenol…

Aujourd’hui pas la moindre goutte d’eau à recueillir sur la table des dolmens ! Une eau sacrée selon certaines légendes ? Selon d’autres (surtout un certain Jules César que ça arrangeait bien de calomnier les peuples qu’il soumettait) s’accomplissaient sur ces autels les sanglants mystères du druidisme. D’où la présence très fréquente d’un petit déversoir. Eh bien moi J’opte pour l’eau sacrée du Solstice !

Au décours d’un chemin bordé de pierres sèches nous décidons d‘aller saluer le Dieu celte des Eaux Bouillonnantes, à la résurgence de Bourbouillet. A sec… BORVO est absent !

En pleine forêt de chênes hirsutes, dans un environnement ruiniforme, chaotique, une profonde diaclase. Voici l’entrée de l’Aven Réméjadou… gouffre de 26 m de profondeur au fond duquel coule un ruisseau souterrain. Nous l’approchons tous… à plat ventre ! Sa dangerosité n’a rien de légendaire cette fois… Nous savons l’accident mortel de juillet dernier !

Plus loin, d’immenses chaudrons qui étonnent plus d’un promeneur ! Témoins de la présence laborieuse des charbonniers, l’hiver dans ces sous-bois, jusqu’au milieu du XXème siècle. Ils fabriquaient dit-on un charbon de bois très pur et de grande qualité. A ce propos voir l’article de Jean Sévenier P.

Le hibou du fruit du buis nous adresse un petit clin d’œil au passage. Bien sympatique !

Colchiques dans les prés… C’est bien la fin de l’été. La fin de notre promenade aussi.

Enfin, de ce que nous pouvons en dire…Nous tenons à garder secret notre destination finale, l’adresse de l’auberge éphémère « Sous le Pont » et le fameux menu gastronomique « sacs-à-dos surprises » qui nous y attendait.

Nous espérons vous avoir donné envie « d’aller promener » et nous languissons déjà de lire Lo Campane 2018 pour apprendre l’origine du nom « Réméjadou » si l’un de vous la connait.

Odile Valentin.

LE PISTACHIER un des plus beaux arbrisseaux de nos paysages de garrigue, l’un des plus communs aussi : Le pistachier térébinthe (Pistacia terebinthus)

A feuillage caduc, de la famille des Anacardiacées, poussant dans la garrigue et le maquis à 500 m d’altitude maximum. Très résistant au froid et à la sècheresse, présent dans tout le bassin méditerranéen, il est absent de Corse.

C’est un arbre dioïque : certains pieds ne portent que des fleurs femelles alors que d’autres ne portent que des fleurs mâles. Il peut vivre plus de 100 ans.

Magnifique…et malin : pour éloigner les brouteurs, chèvres et moutons, ses feuilles naissent teintées de rouge. Elles apparaissent en même temps que les boutons floraux. Son feuillage passe ensuite au vert puis au rouge flamboyant à l’automne.

Il est souvent colonisé par des moucherons parasites qui amènent les feuilles à subir une mutation pour contenir leurs œufs et provoquent ainsi la formation d’étranges et énormes galles en forme de cornes surnommées « caroubes de Judée ». On extrait de ces galles une substance rouge utilisée pour teindre les laines.

Parent du pistachier vrai (rarement cultivé en France) dont la graine grillée accompagne l’apéritif, le térébinthe produit des fruits de la taille d’un petit pois disposés en grappes, successivement blancs, puis roses, rouges et enfin bruns à maturité. Ils sont également comestibles mais très aigrelets. Ils peuvent être utilisés pour produire une huile comestible qui sert de condiment dans le sud du Maghreb. Une variante du café turc est préparée avec ces graines : le menengic kahvesi.

Le térébinthe dégage en été une forte odeur de résine. On tirait autrefois de son écorce la fameuse essence de térébenthine.

La résine du térébinthe entrait autrefois dans la composition de la « thériaque » utilisée comme antiseptique.

Elle sert aussi à la fabrication de vernis et de friandises.
Son écorce peut être brûlée comme encens.
Son bois dur est utilisé en ébénisterie et en marqueterie pour réaliser des ornementations. Il est d’un blanc jaunâtre, parfois mêlé de teintes verdâtres ou rougeâtres. Âgé, il brunit.
Son cousin, le pistachier lentisque, plus petit, plus sombre et plus frileux ne s’éloigne guère des côtes. Attention ! Il produit, lui, des baies toxiques à ne mettre qu’au menu des oiseaux ! On en tire aussi le mastic de Chio, colle-ciment pour dentiste.

Pour mieux les distinguer :

Feuillage caduc pour le térébinthe, persistant pour le lentisque.

Les rameaux du térébinthe se terminent par une foliole solitaire (nombre impair) alors que les folioles du lentisque vont par paires.

Les pistachiers sont souvent mal connus. Ce sont pourtant de beaux arbres qui méritent de franchir la clôture de nos jardins.

Odile Valentin

L’ortie, PLANTE TEXTILE
En 1884 un chroniqueur du  « Magasin pittoresque » explique combien les matières textiles sont importantes pour l’industrie française mais qu’ hélas l’agriculture est incapable de fournir aux fabriques de tissus la quantité de matières premières nécessaires. En 1879 l’importation de ces plantes s’élevait à 950 millions de francs, près d’un milliard !
C’est alors qu’il vante l’ortie de Chine ou ortie blanche  (sans dards) et  la Ramie (Urtica utilis) deux lamiers parfaitement adaptées au climat français. Deux plantes qui poussent vigoureusement et peuvent donner deux et même trois coupes dans l’année et des plantes vivaces que, contrairement au lin et au chanvre, on n’a pas besoin de semer chaque année !
Les fibres textiles de l’ortie sont fort longues et d’une telle solidité qu’un fil d’ortie de la grosseur d’un fil à coudre ordinaire ne peut être rompu à la main ! Leur brillance est telle que les tissus en fil d’ortie ont l’apparence d’étoffes de soie.
Les chinois en faisaient des vêtements inusables qu’ils se transmettaient en héritage.
On peut en faire des fils, des cordages, les tisser, les teindre et en faire du beau linge de table ou de magnifiques étoffes, pour les vêtements et l’ameublement.
Le rouissage se faisait en rivière ou enterrés dans des petites tranchées. Sa culture nécessitait des terres riches et humides.
L’ortie a longtemps été cultivée en France et en Europe et pendant la 1ère guerre mondiale à grande échelle en Allemagne, en Autriche et en Pologne. Son fil doux et soyeux servait à la confection de sous- vêtements, d’uniformes et de toiles de tente.
Déjà à l’époque gauloise on l’utilisait pour la confection d’étoffe. Si vous voulez voir à quoi cela ressemble vous en aurez une idée en vous rendant à l’Archéosite de St Alban-Auriolles, sur l’étal du tisserand … Lorsque vous ramasserez l’ortie pour faire la soupe (recette P. 34) cet automne vous  ne la regarderez plus du tout de la même façon. N’est-ce pas ?
C. P.

LE SAVIEZ-VOUS ?
Le vin, une boisson pas comme les autres, symbole universel, il est associé au pain dans la Bible, et est souvent considéré comme un aliment.
De tous temps consommé, on en boit à Versailles en une année, 600 litres par personne.
Voltaire écrit que : «  un peu de vin, pris modérément est un remède pour l’âme et le corps. »
Mais attention, selon certaines études, la consommation journalière ne devrait pas dépasser 1g d’alcool par kilo de la personne. Faites le calcul pour vous…
*En 1991, les américains constatent avec stupeur qu’une étude de l’OMS démontre que le risque cardio-vasculaire est trois fois moindre pour les français que pour eux.
Jean Guérin

Le tigre en Ardèche?
Non ce n’est pas une blague. Et malheureusement, il est bien là, le moustique tigre. Bien reconnaissable à ses rayures, il envahit tout doucement la France. 30 départements du sud, du sud- ouest et du sud- est, sont en vigilance rouge et notre Ardèche en  fait partie. Il est facile à reconnaître avec sa livrée rayée mais plus difficile à combattre. Ses lieux de ponte privilégiés, sont les eaux stagnantes. Donc une façon de lui faire obstacle, c’est de n’en point laisser dans votre environnement: jardin, cour, balcon. Si vous avez des pots de fleurs avec coupelles, pensez à les vider au moins tous les huit jours. Ôtez tout ce qui peut servir de contenant. Il est possible que, dans notre environnement, traînent vieux bidons, pneus, seaux, cuvettes etc…Ils sont là depuis si longtemps que vous ne les voyez plus mais ces charmantes bestioles, elles les voient bien, car elles peuvent y pondre. Faites- leur la chasse ! Ce sera moins dangereux et bénéfique pour la beauté des lieux. Éradiquez du jardin,  de manière générale, tout objet (même petit) susceptible de retenir de l’eau de pluie.

Et aussi :
• Vérifier le bon écoulement des eaux de pluie et des eaux usagées et  nettoyer régulièrement les gouttières, caniveaux et drainages.
• Couvrir les réservoirs d’eau et les piscines hors d’usage.
• Débroussailler régulièrement les hautes herbes et élaguer vos arbres.
• Ramasser les fruits tombés et les débris végétaux.

Bien sûr, les piqûres sont désagréables : ça grattouille, ça gonfle, ça chatouille, (un peu de vinaigre blanc et hop ! plus rien !). Ce ne serait pas très grave, si ça ne pouvait véhiculer de très inconfortables maladies : la dengue, le chikungunya et dans une moindre mesure le virus Zika (pour le moment pas en France) Face à ce risque, restons vigilant et soucions-nous de présenter un environnement non propice au développement de ces fauves dangereux.
Vous pouvez aussi prendre certaines précautions comme porter des vêtements couvrant, ne pas laisser dès la tombée de la nuit de fenêtre ouverte avec une lumière allumée…Il existe des produit à vaporiser sur les bas de pantalons et les chaussettes et évidemment des produits à vaporiser sur la peau et dans la maison pour renvoyer les insectes hors de votre environne
Site à consulter pour en savoir plus : www.vigilance-moustiques.com

Piège à moustiques (et à mouches)

• Prenez une bouteille d’eau en plastique
• Otez le bouchon
• Coupez la bouteille en deux à l’aide d’un cutter
• Dans le fond de la bouteille mélangez 200 ml d’eau tiède avec 50 g de sucre roux en poudre ( le blanc peut faire l’affaire)
• Saupoudrez ce mélange de 1 gramme de levure de boulanger sans remuer cette fois
• Introduisez la seconde partie de la bouteille tête en bas , pour faire entonnoir
• Entourez le tout d’une feuille de papier noir, scotchez-la pour que ça tienne bien
• Et voila !
• Renouvelez l’appât toutes les deux semaines.
Bonne chasse !!

FLORE : La Grande Férule
C’est une plante méditerranéenne (famille Apiacée) et son « latex » est toxique pour les troupeaux (renferme un principe anticoagulant qui donne le férulisme) de ce fait dans les zones de pâtures les bergers les arrachent avec soin.
Son abondant feuillage la fait ressembler à un fenouil géant car lorsqu’elle fleurit en Mai –Juin ses tiges peuvent dépasser les 2m et on voit de loin ses inflorescences jaunes. Sa tige, que des feuilles engainantes ornent à sa base,  peut mesurer jusqu’à 5 cm de diamètre ce qui en fait une baguette solide et légère.
A ce propos, on dit que les maîtres de l’antiquité battaient les écoliers et les esclaves ou les dirigeaient avec la férule. De là viendrait l’expression «être sous la férule de quelqu’un» ?
Il est plus probable que l’explication soit plus douce ! Les mathématiciens, les astronomes et les physiciens de l’antiquité (école de Pythagore par exemple) n’utilisaient pas de papier ni d’autres support que le sable ou le sol poussiéreux à l’extérieur pour faire leurs démonstrations et donner leur enseignement. Ils traçaient sur le sol, sans se baisser du bout de leur tige de férule.
Ainsi « être sous la férule de quelqu’un » signifiait plutôt recevoir l’enseignement de tel maître…
Hésiode rapporte aussi que c’est grâce à une tige de férule (qui renferme  une moelle) que Prométhée déroba le feu aux dieux pour l’offrir aux hommes.
Si vous prenez la route des défilés à Ruoms, vous ne manquerez pas de découvrir cette superbe plante sur les bas-côtés, d’Avril à Septembre !
C.P